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Kim Kardashian, Cristiano Ronaldo ou encore Paris Hilton sont tous ... absents de cette page. Nos stars à nous, ce sont des personnes que nous admirons, non pas pour leur apparence, botox ou comptes Instagram, mais pour ce qu'ils ont fait ou pensé. Des stars que nous pourrions rencontrer dans la rue tous les jours, ce qui ne nous empêche pas d'être ébloui.e.s par leur talent. 

En V.O. :

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“It’s easy to feel disempowered but every one of us can have an impact in our own small sphere,” she says. “Every one of us can have those conversations with the young people in our lives and make a difference that will grow with them.”

Everyday Sexism et Laura Bates : une équipe de choc depuis déjà six ans

Voici la première publication dans notre série “Who Runs the World ?”, une rubrique qui fera de temps à autre le portrait d’un.e activiste du monde entier, de la France ou d’ailleurs, du passé ou du présent … Si vous êtes inspiré.e par quelqu’un.e, n’hésitez pas à nous en faire part !

 

Quoi ? Le projet lancé en 2012 et son site web “Everyday Sexism” donne une voix aux femmes victimes de sexisme dit “mineur” - ces petits actes sexistes “de tous les jours” que l’on finit par ne plus remarquer. Alors que les femmes qui se plaignent sont souvent étiquetées de “râleuses”, de “coincées” ou de “feminazies”, le projet remet en question l’idée que les sociétés modernes ont déjà atteint l’égalité des genres. Une remise en question qui frappe le.a lecteur.trice avec force.

 

Nourri par les témoignages des divers.es lecteurs.trices (pas seulement des femmes - les hommes contribuent avec leurs propres témoignages ou vécus), le site web collectionne les expériences sexistes, un peu comme une version féministe de VDM. La quantité de postes est une claque dans g*eule - plusieurs centaines de milliers.

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Qui ? Laura Bates est la fondatrice de Everyday Sexism Project. L’idée est née parce qu’un  jour, elle a passé une semaine de merde. En l’espace de quelques jours seulement, elle a été harcelée et suivie par un homme dans la rue, huée dans la rue et touchée par un inconnu dans le bus.

 

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Mais, elle a réalisé qu’elle en était fâchée seulement parce que ces événements ont eu lieu l’un après l’autre - sinon, elle ne se serait même pas posé de questions. Que pour elle, et sans doute pour beaucoup d’autres, c’était quelque chose de totalement normal. Alors que ça ne devrait pas être normalisé, du tout. Elle a commencé à en parler autour d’elle, et il s’est avéré que le grand écart entre l’imagination collective quant au sexisme et la réalité vécue par les filles, adolescentes et femmes était beaucoup plus courant qu’elle ne pensait. Ca n’a pas été une partie de plaisir : elle reçoit tous les jours des menaces de mort et de viol par des hommes … qui ne font qu’illustrer pourquoi son projet est toujours essentiel.

 

Quand ? Petite chronologie des faits : le 16 avril 2012, Laura Bates ouvre le site web everydaysexism.com, en espérant qu’entre “cinquante et soixante personnes posteraient”. Contre toute attente, ce sont des milliers de femmes qui postent, d’une quinzaine de pays du monde entier. En 2014, elle publie un “recueil” de témoignages, regroupés sous divers thèmes, en y ajoutant des entretiens, des analyses, etc. En 2015, le site atteint les 100 000 entrées. En 2018, Bates publiera son deuxième livre “Misogynation : the true scale of sexism” (“Mysogynation” : la véritable échelle du sexisme)

 

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Pourquoi ? Deux raisons principales. La première : publier sur le site permet aux femmes victimes de sexisme de s’exprimer, et de mettre définitivement l’étiquette “néfaste”, “toxique” et “pasdemafaute” sur leur expérience; alors que ces vécus sont si souvent normalisés et intériorisés comme étant de la faute de la victime. Laura Bates a dit que c’était impossible de résoudre un problème si on ne le donnait pas de nom, si on ne l’affronte pas. C’est donc un effet curatif.

 

Deuxième vertue du projet : faire prendre conscience d’un problème massif. Non seulement sa fondatrice collecte pour les sceptiques des preuves de l’existence toujours répandue du sexisme courant, elle utilise ces preuves pour changer et former d’autres. Elle intervient dans des écoles, fait des formations auprès des contrôleurs du métro londonien ou encore lance des pétitions contre des initiatives sexistes. Sans parler de ses très nombreuses publications dans les journaux et ses interventions dans des festivals féministes.

 

Bref, une femme et un projet admirables. On retient une de ses citations : “C’est facile de se sentir impuissant.e.s mais chacun.e d’entre nous peut faire un impacte dans notre propre petite sphère. Chacun.e d’entre nous peut avoir ces conversations avec les jeunes gens de notre vies et faire une différence qui grandira avec eux.”

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Le 16 avril 2018, par Elinor Burnard. Edité par Julia Ben Abdallah

Melanie Hamlett - le refus de la routine 

J'ai rencontré Melanie lors d'une classe de pole dancing – non, les cocos rêvez pas, c'était juste pour essayer, je suis bien trop maladroite pour pratiquer ce sport à long terme. Mais cette nana m'a attiré l'oeil depuis l'autre côté de la salle, encadrée par les miroirs et les barres. Au beau milieu d'une salle de jeunes filles – et un gars – âgés de vingt-et-quelques ans, elle avait déjà dépassé la trentaine. De loin. Bravo à toi, je me suis dit.

 

Il s'avère que Melanie a vraiment l'habitude de faire des choses en dehors de sa zone de confort, genre très très loin en dehors. Plus tard, nous nous sommes rencontrées pour prendre un verre et faire une interview, parce qu'elle me semblait quelqu'un de vraiment … Alternatif. La quarantaine, ou presque, pas mariée, pas de gosse, loin de chez elle et voilà qu'elle se lançait dans une toute nouvelle vie. Elle rit quand je lui dis ça. « Ouais, je suis un peu connue pour ça dans le monde de la comédie ». Américaine, elle écrit et fait du stand-up, et quand ça ne suffit pas pour payer le loyer, elle fait des jobs à côté, comme serveuse, ou maintenant prof d'anglais [en Espagne]. J'admire son mode de vie alternatif, mais il se révèle qu'en fait je ne fais que gratter à la surface. Lorsqu'elle commence une histoire par « Quand je vivais dans ma voiture ... » je reste bouche bée.

 

Il semble qu'elle ait toujours été attirée par ce mode de vie minimaliste. Ayant grandi avec sa mère célibataire, très éloignées de the American dream que tout le monde nous rabâche, elle rejette cette idée de la « famille parfaite » omniprésente. Après la fac, où elle se « faisait vraiment chier », elle rencontre une fille, guide de rafting, qui habitait dans sa voiture. « Et elle déchirait. Elle était vraiment belle, mais une dure. » Elle s'est dit que ce mode de vie pourrait lui correspondre, répondre à ses envies de tout plaquer, voyager et voir le monde ; comme elle l'avait déjà fait « en vivant avec le strict minimum, type un morceau de pain par jour » lorsqu'elle vadrouillait en sac à dos en Europe pendant ses années étudiantes. « En fait, confie-t-elle, j'aime bien le challenge. Parce que je veux voir de nouvelles choses ».

 

Le challenge, elle le relève aussi dans sa vie professionnelle. Elle a quitté le monde des sports en plein air à la fin de la vingtaine, quand cela a cessé d'être un défi. « Pour moi, m'ennuyer est la pire chose au monde. Parce que à ce moment là, je deviens auto-destructrice ». Elle s'en va donc à New York, qu'elle décrit comme « tout aussi sauvage que la nature », et fait la transition au sein du monde artistique, touchant aux films, à l'écriture et à la comédie. A ses yeux, c'est aussi éprouvant physiquement et mentalement que les sports extrêmes. A plusieurs reprises, elle change totalement d'environnement, et se casse à Los Angeles, ou encore en Amérique du Sud. « J'ai acheté un billet aller avec absolument aucun plan. J'ai fait la cueillette des fraises, j'ai traîné avec des clowns, j'ai commencé l'escalade … Ca m'a beaucoup plu. »

 

« Je fais toujours toutes ces activités, mais elles sont moins importantes pour moi, parce que maintenant j'ai trouvé ce qui fait sens pour moi. » L'écriture. En ce moment, Melanie gagne sa vie en écrivant, surtout des actes de comédie, ou des articles courts pour des journaux. Cela ne veut pas dire qu'elle ne prend pas de risques. Sauf qu'aujourd'hui, ce sont plutôt des risques émotionnels, « comme sortir avec un gars qui est vraiment gentil avec moi », ou raconter sa vie sur scène, mêlant toujours la tragédie à la comédie. « Ces risques inter-personnels ou artistiques ont plus de sens, parce qu'ils peuvent influencer d'autres personnes. Alors qu'en faisant du rafting et tout ça, il n'y avait pas ce côté émotionnel. »

 

Evidemment, sa vie et son mode de vie relèvent beaucoup de l'imprévu. Mais je tente quand même le ridicule, et je lui demande comment elle voyait son futur quand elle était plus jeune. Elle rit. « Mon dieu, non ! J'avais tellement peu d'estime quand j'étais ado, je trainais pas avec le bon groupe d'amis. Je pense que j'aurais totalement pu gâcher ma vie avec ces gars. Et ces drogues. » Elle ajoute que maintenant elle ne laisserait jamais un homme nuire à sa vision de la vie; et qu’elle n’oubliera plus jamais qui sont ses amies ... Je vois cette femme, super forte, émancipée ; qui a confiance en elle-même et, même si elle ne sait pas où la vie va la mener, elle sait maintenant que sa vie va lui plaire, parce qu'elle l'aura choisie. Mais je vois aussi que, dans le mode de vie ultra compétitif des Etats-Unis, et surtout parmi les jeunes adolescent.e.s, elle n'avait pas sa place. « Je ne savais pas encore qui j'étais à cet âge-là. »

 

Maintenant elle travaille avec des jeunes, pour essayer de leur inculquer un peu d'anglais, et elle les observe aussi. Je vous traduis quelques uns de ses commentaires sur sa vie quotidienne (disponibles sur Facebook), observations tout aussi sociologiques qu’humoristiques. Voir à droite !

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Allez voir son site web : https://melaniehamlett.com/ !

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Ecrit le 21/02/2018 par Elinor Burnard; édité par Julia.

Les élèves de Melanie, première partie :

 

"Aujourd’hui c’était ma première classe privée avec la gamine de ma coordinatrice/amie. Cette fille a seulement douze ans, mais elle est un des êtres humains les plus impressionnants que j’aie jamais vu. Elle a quitté Instagram il y a quelques temps parce qu’elle a dit qu’elle se sentait vide à l’intérieur à cause de ça. Il y a un an elle tanait sa mère pour avoir un iPhone et économisait depuis des mois parce que tous les autres en avaient un. Mais sa mère lui a dit qu’elle devait attendre d’avoir 14 ans, ce qui était nul parce qu’elle était la seule fille de l’école qui n’avait pas d’iPhone. Mais écoutez ça, après avoir vu tous.tes ses ami.e.s devenir accro à leurs téléphones, elle a décidé qu’elle n’en voulait plus. Ni aucun autre type de téléphone portable. “Pendant la récré, ils.elles regardent tous.tes leurs téléphones portables au lieu de se parler. C’est comme s’ils.elles étaient des zombi.e.s. Je ne voudrais pas que ça m’arrive.”

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Je ne connais littéralement aucun adulte qui pourrait prendre cette décision.

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Elle a aussi arrêté l’huile de palme. Je suis bien consciente à quel point cette merde est mauvaise pour le corps humain et encore pire pour la planète. Mais je ferme les yeux là-dessus car j’adore certains supermarchés et l’huile de palme est dans presque tous les produits à part les légumes surgelés. Mais elle ne veut pas soutenir une industrie qui détruit les forêts tropicales en Amérique du Sud et en Asie, et qui laisse des animaux au bord de l’extinction.”

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Les élèves de Melanie, deuxième partie :

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“Aujourd’hui je suis allée travailler à l’autre école pour la première fois. La plupart du temps mes gamin.e.s ont entre 8 et 11 ans, mais les jeudis ils.elles ont seulement 6 ans. C’est trop mignon, mais … différent, aussi. Pendant ma présentation, ils.elles ne pouvaient contrôler ni leurs bouches ni leurs corps, ils.elles parlaient tout le temps, se couchaient sur les tables, jouaient avec des jouets ou frappaient d’autres gamin.e.s sur la tête … encore et encore … et encore et encore … et encore. Je ne veux pas mettre d’étiquette au comportement dans cette situation, mais ce n’était presque que les garçons qui faisaient ça. Ils ne pouvaient pas s’en empêcher. Et je me suis retrouvée à faire ce que les professeur.e.s m’ont fait à moi et font encore, j’en suis sûre : ignorer les filles. Surtout parce que la seule solution pour faire en sorte que les garçons se concentrent et arrêtent d’interférer avec les autres gosses est d’interagir avec eux et leur poser plein de questions et adapter le cours à eux, en gros. La plupart des filles étaient vraiment motivées à apprendre, et levaient la main et essayent d’interagir avec moi, mais j’étais trop distraite à faire asseoir les garçons. Les filles ne sont pas des anges, et parlent aussi c’est sûr, mais sont plus faciles à gérer par rapport à la plupart des garçons. C’est la faute à personne, et personnellement ça m’amuse de voir le comportement fou des garçons, mais ça ne semble pas juste. Je sais que personnellement j’ai été oubliée à l’école parce que j’étais très timide ; et c’est facile d’être oubliée quand on est une fille.

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Je me demande si mon éducation aurait été différente si j’avais été à une école pour filles, au lieu d’une école mixte.”

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